07/02/2010

Deux textes

ces deux textes m'ont été envoyés par mail, et ont été écrits par Tos :


ÇA COMMENCE PAR UN V

"No, esperate, vas demasiado rapido"

Non, attends, tu vas trop vite

J'ai dit

Non

J'ai dit

Attends

J'ai dit

Tu vas trop vite

...

Une minute avant

On s'allonge, nus sous les couvertures,

bisoux, caresses, déjà trop brefs,

il est sur moi, déjà, ... déjà ?

sa main ouvre mes cuisses

Je dis ...

Une semaine avant

Je pleure, il me quitte, j'ai le coeur brisé,

sûre de ne plus jamais aimer personne après lui

sûre aussi qu'il ne peut que se tromper

et c'est moi qui lui proposer cette dernière nuit

celle ou je dis

...

Un mois avant,

C'est lui, c'est forcément lui

puisqu'il ne peut y'en avoir qu'un

au premier regard j'en suis folle

prête à tout pour être dans ses bras

même quand pendant un mois il n'y arrive pas

patiente, compréhensive, rassurante, encourageante

...

1 seconde avant,

Je dis, Non, attends, tu vas trop vite

Il rit : "c'est pas ça que tu voulais ?"

Entrée, sortie ...

1 seconde

Sa jouissance, ma douleur

Je dis ... plus rien.

C'est pas ça que je voulais.

Je ne savais pas à l'époque

et j'ai encore du mal à m'avouer

que quand on dit

Non

quand on dit

attends

quand on dit

tu vas trop vite

ce n'est pas faire l'amour

ce n'est même pas baiser ...

ça commence par un v.


* * * * *

METTRE DES MOTS

Mettre des mots, ce n'est pas facile

et une fois que c'est fait

on ne sait plus

Si c'était mieux avant

quand on était pas sure

quand on ne savait pas

pourtant la colère était bien la déjà

sa photo, son prénom suffisaient à créer le malaise

je ne repensais pas à cette nuit la

pourtant quelque chose en moi

n'acceptait pas qu'il s'en sorte aussi facilement

cette réputation de briseur de cœur

moi en énième victime du don juan

ma rage , ma colère, ma rancœur

mise par tous sur le compte de l'hystérie de la femme quittée, trompée

moi même incapable d'expliquer

cette haine qui montait en moi

croyant y exprimer une blessure d'amour propre

de l'orgueil mal placé

d'avoir voulu me croire différentes des autres

au dessus du lot, puisque choisie

et puis rabaissé , remise dans le rang

dans le paquet des nanas faciles à baratiner

mais cette émotion qui montait en moi à chaque fois,

ça ne pouvait pas être aussi simple que ça

ma mâchoire qui se resserrait

mes poings serrés

l'envie de frapper

de lui faire mal

de l'étriper

de l'éclater

le massacrer

le piétiner

mais surtout

le dénoncer

de dire aux autres , je ne savais pas quoi encore, mais de le gueuler très fort

que tout le monde sache

mais sache quoi ?

qu'il ne puisse plus le faire à personne

mais faire quoi ?

J'ai mis 4 ans à réaliser

d'où cela venait

Un jour, presque par hasard, en lisant un texte de ce genre, écrit par une autre...

L'image de cette nuit la m'est revenu

et m'a poursuivie

J'ai cru d'abord que je réinventais l'histoire

mais non ! j'y étais, et c'est resté gravé !

J'ai voulu me le nier

J'ai voulu m'en sentir responsable, coupable,

après tout, je l'avais provoqué, puisque je l'avais aimé, désiré, attiré, déshabillé ...

Mais les mots de l'autre femme, les mots de pleins d'autres femmes me l'ont dit, me l'ont appris, me l'ont transmis ...

Il m'a violé.

Aujourd'hui j'ai besoin de le partager, pour les autres peut être, mais surtout pour moi, encore hésitante à m'avouer que c'est à moi que c'est arrivé ...

Il m'a violé.

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