12/11/2009

Des féministes au moment de la réunification

Extrait du dossier "Berlin 1989-90 : construire sur les ruines du système" de la revue Timult dont le premier numéro est paru en octobre 2009.

"A bas le règne des hommes"[1] : squats et coordinations inter-squats non-mixtes à Friedrichshain

La maison Mainzerstraße 2 est une maison non-mixte femmes et lesbiennes. Quinze personnes y vivent, y tiennent un bar et un atelier de réparation de voitures. Pendant l'été 1990 se mettent en place des assemblées non-mixtes femmes/lesbiennes entre les squatteuses du quartier.
Dans un tract elles déclarent : "dans cette nouvelle Allemagne, nous sommes confrontées à une ambiance de plus en plus nationaliste, raciste et chauvine. Cela a des conséquences directes sur nos vies : la violence contre les femmes et les lesbiennes dans les maisons occupées et dans la rue augmente. Une agressivité généralisée contre "les gauchistes et les squatteurs" se fait sentir de plus en plus dans nos quotidiens et nous sommes régulièrement attaquées par des bandes de mecs néo-nazis. La violence sexiste s'amplifie également. A l'habituelle et invivable drague permanente dans les rues, s'ajoutent pour les femmes et les lesbiennes de l'Est un sexisme d'un nouvel ordre.
Suite à la chute du mur, l'Est est noyé par une vague de magasins pornographiques, de publicités qui appellent à la consommation par des images de femmes nues. A côté de ce sexisme qui saute aux yeux, nous sommes aussi confrontées à des attitudes plus subtilement sexistes dans nos propres cercles politiques de la part de nombreux "camarades" hommes et de quelques femmes. Dans nos assemblées, on entend encore et toujours parler du seul "combattant", du "squatteur", on est confrontées à l'agressivité habituelle dans les prises de parole et dans les jugements des propositions stratégiques qui sortent de la "ligne". Exiger des espaces non-mixtes revient à se faire traiter de "fasciste" et de "scissionniste".
Pour riposter collectivement, nous voulons une assemblée non-mixte. Elle pourra être l'endroit permettant de développer une position politique en théorie et en pratique, autour des occupations des maisons. Comment concevoir l'action dans une perspective à la fois antifasciste et féministe ? Qu'en est-il de la violence politique? Nous rêvons de structures autonomes, de résistances malines et déterminées, de fêtes turbulentes et carabinées et de petits-déjeuners sans limites."

[1] Slogan inscrit sur une banderole sur le Tuntenhaus ("maison des tapettes") dans la Mainzerstraße, une maison no mixte de pédés avec un bar devenu mythique, le Forelle Blau. Le Tuntenhaus a déménagé par la suite à Prenzlauer Berg où il existe encore aujourd'hui.

Aucun commentaire: