10/02/2010

Combien faut-il de féministes pour tricar les agresseurs?

QUI EST TRICARD…

" Combien faut-il de féministe...? " est un collectif d'individu/es trans, gouines, pédés et queer qui organise des événements festifs mais pas moins politiques dans des lieux alternatifs à la scène commerciale gay et lesbienne. Nous organisons des événements à caractère « communautaire » qui n'ont pas vocation à s'ouvrir à tout le monde mais qui peuvent rassembler bien au delà de simples liens affinitaires. Ils sont ouverts aux personnes qui acceptent ce que le féminisme et le refus des mécanismes de domination impliquent pour le partage d'un espace/temps collectif."

Pour autant, n'en déplaise à ceux et celles qui vivent la communauté transgouinespédés comme une famille : nombre de violences, dont sexuelles, ont lieu dans l'environnement familial. Ainsi, notre milieu - famille ou non - n'est pas exempt de rapports de pouvoirs (domination et privilèges), de rapports de violences et d'agressions. Certaines agressions sont rendues publiques ; et lorsque c'est le cas nous refusons de renforcer le pouvoir des agresseurs en ne réagissant pas.

En tant que collectif transpdgouines féministes organisateur d'événements, une de nos stratégies est de tricard les agresseurs notoires de nos espaces. Nous appelons cette pratique politique à être systématique, tant que les personnes agressées le demanderont et tant que les personnes agresseuses continueront à nier, ou à refuser d'entamer un travail de réflexion autour de leurs comportements et actes ; entre autre en se sentant légitime dans des espaces féministes ou dans des évènements où sont présentes les personnes qu'ils ont agressées.

Dans la mesure où nous pouvons toutes et tous être un jour l'agresseur de quelqu'un-e et comme il n'existe pas d'agresseur par essence chacun-e peut choisir de reconnaître (de s'excuser?), de remettre en question, de travailler, sur la place qu'il-elle occupe dans les systèmes d'oppressions et sur les agressions qui peuvent en découler. C'est pourquoi "tricard un jour" ne veut pas dire "tricard toujours".
A ce sujet, des outils de réflexion en dehors des circuits de la flychiatrie (avancer sans les flics, ni les psys), issus des pensées féministes et libertaires sur les comportements violents sont à disposition dans les infokiosk et sur internet.

Nous ne faisons pas d'amalgame entre ceux et celles qui défendent et/ou soutiennent des agresseurs et les agresseurs eux--même. Toutefois, les personnes qui défendent ou soutiennent ouvertement des agresseurs notoires, ne sont pas les bienvenues dans les espaces-temps que nous organisons.
En effet, nous pensons que remettre d'emblée en question la parole de celle ou celui qui dénonce une agression (demander des preuves, des expertises, une enquête, pathologiser la personne agressée, etc.) c'est se solidariser de l'agresseur. C'est cautionner son système de défense, ses mensonges et sa violence et ceux du patriarcat et du sexisme qui banalisent et minimisent ces violences, légitiment les agresseurs et renforce leur position de pouvoir.

Le féminisme nous apprend entre autre que le privé est politique.
Les situations de violences qui ont lieu dans la sphère du privée sans être visibilisées nous apparaissent de façon particulièrement complexes car il nous semble impossible de les rendre publiques à la place des personnes les ayant subi. C'est pourquoi nous favoriserons des espaces permettant de dénoncer les violences, les agressions et les agresseurs et soutiendrons les personnes qui les dénoncent.

Par ailleurs, ces violences que nous évoquons nous refusons de les hiérarchiser (une humiliation n'est pas intrinsèquement moins violente qu'une agression physique, des propos exotisants sont une forme de violence, de la drague insistante aussi, un viol sans pénétration n'est pas moins grave qu'un viol avec pénétration, etc.) De la même manière, nous sommes vigilant-e-s et tentons de réagir à toute agression notoire, que ses ressorts soient sexistes, lesbo-homo-trans-phobe, racistes, classistes, toxicophobes, grossophobes, handiphobes, pros-viol, sérophobes, etc.

La stratégie que nous avons choisi d'adopter (exclure les agresseurs notoires et prendre la tête à leurs soutiens dans les espaces-temps que nous organisons) est une stratégie d'urgence et donc une stratégie par défaut. Nous l'assumons et continuerons à l'assumer, tout en réfléchissant à des stratégies sur le long terme.

Des pistes pour tenter d'avancer :
http://infokiosques.net/IMG/pdf/Je_ne_suis_pas_un_egout_seminal.pdf

« Combien faut-il de féministes pour.. ? »

1 commentaire:

Cecile a dit…

Bonjour, ce texte me laisse très perplexe.. Et suscite beaucoup,
beaucoup de questions auxquelles j'espère obtenir des réponses.

Déjà, je pense que la notion de communauté est subjective. Quelle
communauté LGNTQI vivons-nous, et/ou quelle communauté LGBTQI
voulons-nous? CertainEs vont parler d'une communauté culturelle,
d'autres d'une communauté militante? Peut-on évoquer une communauté au
sens social du terme, malgrè les disparités socio-économiques?

Comment est définie la notion d'agresseur, pire, d'agresseur notoire??
A partir de quoi une personne est notoirement unE agresseuRse? Faut-il
des preuves des actes commis, ou bien suffit-il que quelqu'un, digne
de confiance aux yeux de ses amiEs, co-militantEs, collègues etc
rapporte des faits?

Sortir de la flicyatrie, soit. Remplacer les flics en excluant,
éventuellement de manière coercitive, et les psys en analysant des
comportements puis en rangeant les gens dans des cases, est-ce une
solution.
Il me semble que des minorités, quelqu'elles soient, ont déploré le
peu de cas que font les flics et la justice de leurs démarches.
Faut-il nous subsituer à ces fonctions, avec tout l'arbitraire que
cela peut engendrer, ou continuer à lutter pour une égalité de touTEs
devant la loi?
Autre précision qui, à mon sens, fait défaut : la définition de
soutien, de défense...
Il semble suffire à une personne de raconter qu'unEtelLE l'a agressé
pour que son auditoire valide ses affirmations. Quid de la personne
impliquée, accusée? Qu'arrive t-il si elle réfute? Est-ce le premier
qui a parlé qui a raison? Mettre en doute des affirmations
constitue-t-il une démarche pro-viol?

Cela me semble bien simpliste, bien simplifié, bien manichéen, et fort
arbitraire.
"le privé est politique", cela serait donc intrinsèque au féminisme...
Je ne vois pas le féminisme comme un dogme qui pourrait m'imposer ce
qui, de ma vie privée, doit devenir politique, et donc public.
Si le fondement de mes luttes provient bien évidemment de tranches de
mon vécu personnel, je me réserve le droit de choisir ce que j'ai
envie de dévoiler, et ni une religion, ni le féminisme ne ferons ces
choix à ma place.

J'arrive enfin au passage qui prétend définir les violences..
Ce que j'en comprend, c'est que tout propos ou tout acte vécu comme
une violence par quelqu'unE qui a la chance d'appartenir à un
collectif vaudra à qui les a tenus d'être excluE de lieux festifs
et/ou militants, et à ses proches de se faire "prendre la tête".. Cela
ressemble davantage, à mon sens, à une guerre des gangs qu'à une
stratégie politique.

Voilà, ce qui précède ne se veut en aucun cas agressif, mais relève du
questionnement. L'exposé de cette "stratégie" me semble juste être un
avertissement, limite une menace.. Ce que j'en retiens c'est que
quiconque "agressera" unE proche du collectif "EngagéEs EnragéEs" ou
des Panthères Roses, puisque qu'ils ont publié récemment un texte
allant en ce sens, s'exposera à des exclusions, donc.. à des
violences.. (empêcher quelqu'un physiquement d'entrer quelque part, il
me semble qu'on parle bien de violence?).

Plus généralement, qu'est ce qu'une violence communautaire? Je suis
gouine, si demain un pédé me frappe, s'agira t-il d'une violence
sexiste? Lesbophobe? Ou raciste si je suis noire ou qu'il est rebeu?

Bref, je n'ai pas le temps de développer toutes mes interrogations
tant ce texte en suscite, j'espère qu'un débat s'ouvrira, en lieu et
place d'affirmations déjà rôdées, et de théories assénées.

Je suis en revanche ravie que, pour une fois, les auteurEs de ce texte
se nomment, et que des organisations se positionnent "à découvert", et
non au nom de nébuleuses organisationnelles et anonymes.

A bientôt, bonne journée.