ÇA COMMENCE PAR UN V
"No, esperate, vas demasiado rapido"
Non, attends, tu vas trop vite
J'ai dit
Non
J'ai dit
Attends
J'ai dit
Tu vas trop vite
...
Une minute avant
On s'allonge, nus sous les couvertures,
bisoux, caresses, déjà trop brefs,
il est sur moi, déjà, ... déjà ?
sa main ouvre mes cuisses
Je dis ...
Une semaine avant
Je pleure, il me quitte, j'ai le coeur brisé,
sûre de ne plus jamais aimer personne après lui
sûre aussi qu'il ne peut que se tromper
et c'est moi qui lui proposer cette dernière nuit
celle ou je dis
...
Un mois avant,
C'est lui, c'est forcément lui
puisqu'il ne peut y'en avoir qu'un
au premier regard j'en suis folle
prête à tout pour être dans ses bras
même quand pendant un mois il n'y arrive pas
patiente, compréhensive, rassurante, encourageante
...
1 seconde avant,
Je dis, Non, attends, tu vas trop vite
Il rit : "c'est pas ça que tu voulais ?"
Entrée, sortie ...
1 seconde
Sa jouissance, ma douleur
Je dis ... plus rien.
C'est pas ça que je voulais.
Je ne savais pas à l'époque
et j'ai encore du mal à m'avouer
que quand on dit
Non
quand on dit
attends
quand on dit
tu vas trop vite
ce n'est pas faire l'amour
ce n'est même pas baiser ...
ça commence par un v.
* * * * *
METTRE DES MOTS
Mettre des mots, ce n'est pas facile
et une fois que c'est fait
on ne sait plus
Si c'était mieux avant
quand on était pas sure
quand on ne savait pas
pourtant la colère était bien la déjà
sa photo, son prénom suffisaient à créer le malaise
je ne repensais pas à cette nuit la
pourtant quelque chose en moi
n'acceptait pas qu'il s'en sorte aussi facilement
cette réputation de briseur de cœur
moi en énième victime du don juan
ma rage , ma colère, ma rancœur
mise par tous sur le compte de l'hystérie de la femme quittée, trompée
moi même incapable d'expliquer
cette haine qui montait en moi
croyant y exprimer une blessure d'amour propre
de l'orgueil mal placé
d'avoir voulu me croire différentes des autres
au dessus du lot, puisque choisie
et puis rabaissé , remise dans le rang
dans le paquet des nanas faciles à baratiner
mais cette émotion qui montait en moi à chaque fois,
ça ne pouvait pas être aussi simple que ça
ma mâchoire qui se resserrait
mes poings serrés
l'envie de frapper
de lui faire mal
de l'étriper
de l'éclater
le massacrer
le piétiner
mais surtout
le dénoncer
de dire aux autres , je ne savais pas quoi encore, mais de le gueuler très fort
que tout le monde sache
mais sache quoi ?
qu'il ne puisse plus le faire à personne
mais faire quoi ?
J'ai mis 4 ans à réaliser
d'où cela venait
Un jour, presque par hasard, en lisant un texte de ce genre, écrit par une autre...
L'image de cette nuit la m'est revenu
et m'a poursuivie
J'ai cru d'abord que je réinventais l'histoire
mais non ! j'y étais, et c'est resté gravé !
J'ai voulu me le nier
J'ai voulu m'en sentir responsable, coupable,
après tout, je l'avais provoqué, puisque je l'avais aimé, désiré, attiré, déshabillé ...
Mais les mots de l'autre femme, les mots de pleins d'autres femmes me l'ont dit, me l'ont appris, me l'ont transmis ...
Il m'a violé.
Aujourd'hui j'ai besoin de le partager, pour les autres peut être, mais surtout pour moi, encore hésitante à m'avouer que c'est à moi que c'est arrivé ...
Il m'a violé.
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